Conférence / Cocktail : En finir avec le mérite ?

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Date: 15/12/2021
Horaire: 19
h30
Lieu: 7 rue Geoffroy l'Angevin - 75004 Paris + en Visioconférence

En finir avec le mérite ?

« Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. »

L’article premier de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipule par ces deux phrases que la communauté politique et sociale repose sur un idéal de justice qui serait que les individus n’aient de position différenciée qu’à mesure de leur contribution à l’utilité commune. Il s’agit, au XVIIIème siècle, de sonner la fin des privilèges basés sur la seule naissance.

Pour autant, aujourd’hui, pouvons-nous considérer que cet idéal a bel et bien été atteint ?

Dans Enfances de classe (2019), le sociologue Bernard Lahire produit une enquête inédite auprès d’enfants en bas âge (5 ans) dont il explore le quotidien à travers des entretiens avec les enfants eux-mêmes ainsi que les adultes qui les entourent (parents, grands-parents, institutrices et instituteurs, nounous…). Au terme de cette étude, se dégage l’idée que les enfants « ne vivent pas dans le même monde », tant les différences sociales sont puissantes et semblent inscrire ce à quoi ils peuvent aspirer et ce qu’ils pourront devenir dans une véritable « destin ».

Sommes-nous libres de devenir ce que nous voulons ?

Nous vous demanderons un pass sanitaire ou un test PCR de moins de 24h. Merci pour votre compréhension.

Prix pour les Membres = 25€.

Prix pour les Explorateurs = 40€.

Pour ceux qui seront en visioconférence un lien de connexion zoom vous sera envoyé la veille.

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Par la philosophe Aïda Ndiaye.

« Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. »

L’article premier de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 stipule par ces deux phrases que la communauté politique et sociale repose sur un idéal de justice qui serait que les individus n’aient de position différenciée qu’à mesure de leur contribution à l’utilité commune. Il s’agit, au XVIIIème siècle, de sonner la fin des privilèges basés sur la seule naissance.

Pour autant, aujourd’hui, pouvons-nous considérer que cet idéal a bel et bien été atteint ?

Dans Enfances de classe (2019), le sociologue Bernard Lahire produit une enquête inédite auprès d’enfants en bas âge (5 ans) dont il explore le quotidien à travers des entretiens avec les enfants eux-mêmes ainsi que les adultes qui les entourent (parents, grands-parents, institutrices et instituteurs, nounous...). Au terme de cette étude, se dégage l’idée que les enfants « ne vivent pas dans le même monde », tant les différences sociales sont puissantes et semblent inscrire ce à quoi ils peuvent aspirer et ce qu’ils pourront devenir dans une véritable « destin ».

La question des distinctions sociales, des positions sociales pose donc celle du mérite, de la justice et dans le fond celle de notre liberté.

Méritons-nous ce que nous devenons, et, plus fondamentalement, la position que nous occupons dans la société ? Suffit-il de produire des efforts, de faire preuve d’ « ambition » ou de « volonté » pour que notre travail porte ses fruits et permette à ceux qui le « veulent vraiment » d’accéder aux postes ou positions qu’ils visent ?

Sommes-nous libres de devenir ce que nous voulons ?

Plus fondamentalement encore, l’idéal méritocratique est-il vraiment un idéal de justice ? Qu’elle soit réalisée ou au contraire dévoyée, la notion de mérite implique en effet la justification des inégalités, les « méritants » ayant, en quelque sorte de droit, accès à des positions de domination. Plus encore, ne conduit-elle pas à accentuer la concurrence de chacun contre tous puisque le mérite est « calculé » sur la base d’une réussite qui reste fondamentalement individuelle ?

Lors du confinement que nous avons tous vécu en 2020, nous a été révélée la réalité sociale dans sa nudité la plus crue : ont continué à travailler et à s’exposer les personnes occupant les positions les moins enviables, les plus dévalorisées socialement (caissières, aides-soignantes, éboueurs…) dont on ne peut pour autant pas dire ni qu’ils ne fournissent pas d’efforts, ni que leur tâche ne participe pas de manière essentielle à « l’utilité commune ».

Y aurait-il donc une injustice fondamentale de notre société ?

La question n’est pas si aisément tranchée…

Car ceux qui au contraire jouissent d’une position de domination dans l’espace social ne sont pas non plus avares d’efforts. Comment dire à celui qui a « réussi », au sens social du terme, qu’il ne mériterait pas cette réussite ? Comment soutenir qu’il serait injuste que des parents transmettent à leurs enfants le patrimoine accumulé par le travail de toute une vie ?

Faut-il donc en finir avec le mérite ?

 

Une conférence animée par Aïda N'Diaye

Aïda est enseignante, philosophe, auteure et chroniqueuse. Elle est agrégée de philosophie et ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure.

Elle intervient régulièrement dans l’émission Grand Bien Vous Fasse d’Ali Rebeihi sur France Inter et a produit une série d’émissions consacrées à la philosophe Simone Weil sur France Culture.

Elle est l’auteure, notamment, de deux ouvrages (à paraître en 2022) consacrés l’un au genre, l’autre au mérite, dans la collection Philophile chez Gallimard Jeunesse.

Horaires et lieux

Date: 15/12/2021

Heure de début: 19:30

Heure de fin: 21:30

Lieu: 7 rue Geoffroy l'Angevin - 75004 Paris + en Visioconférence